Barcelone - Heure par heure
Barcelone, jour 3...
Le ciel est bleu, avec un bon vent rafraîchissant. Nous sommes vendredi. Il est 10h et il fait un bon 25°. C'est l'un des enseignements avec ces trois premiers jours passés à Barcelone. Le soleil ne cogne pas aux premières heures de la matinée. C'est à partir de midi qu'il s'envole. Hier après-midi, le thermomètre est monté jusque 34°.
La journée d'hier jeudi a été harassante pour les dirigeants de Cureghem France et les observateurs que nous sommes. Par contre, les pigeons ont passé une journée confortable.
J'y reviendrai dans un récit plus développé dans une prochaine édition de La France colombophile, mais il est certain que les dirigeants de Cureghem Centre ont vécu une vraie galère ces derniers jours. Nous ne sommes pas toujours d'accord, mais comme eux, nous sommes à la fois des colombophiles et des organisateurs de concours. Que faire quand un pays vous dit, quelques heures avant l'arrivée des camions, que le lieu de lâcher que vous négociez depuis des mois, y compris via la fédération catalane, ne peut plus vous recevoir ? Que faire, dans la quête d'un nouveau lâcher autour de Barcelone, lorsqu'on vous impose d'avoir l'accord de l'aéroport pour lâcher si vous vous installez aux abords de la ville ?
Les organisateurs n'ont eu d'autres choix que de s'écarter de Barcelone de quelques kilomètres. Barcelone 2018 sera lâché d'un grand parking d'hôtel, plus dans les terres, près de Vilafranca (à ne pas confondre avec Villafranca, en Navarre). Le convoi a ainsi été déplacé vers l'Ouest de 45 km.
Les 15.000 pigeons sont arrivés hier soir à Vilafranca après avoir passé l'après-midi dans la fraîcheur d'un vignoble (il fait plus frais dans les camions que dehors ; les abreuvoirs sont nettoyés et remplis régulièrement). L'occasion d'aller à la rencontre des chauffeurs, des convoyeurs et de leur patron, Guy, qui participe à son 51e Barcelone (j'y reviendrai) ! Dès l'arrivée des pigeons, les organisateurs nous ont ouvert les portes des camions et nous avons pu librement déambuler entre les paniers. A l'arrivée du convoi, il y a encore de l'eau dans tous les abreuvoirs (le convoi s'est arrêté toutes les 4 heures et demi sur la route). Vers 15h, les pigeons ont eu une ration de maïs, plus que la veille en prévision d'un lâcher le vendredi. Petite surprise : pigeons belges et français sont mélangés, sans qu'on puisse distinguer les uns des autres. On est donc soigné de manière identique.
Mercredi, en rencontrant les organisateurs et en déambulant le long de la plage de Barcelone à deux pas du lieu de lâcher initial, on n'a cessé de nous affirmer que les pigeons ne prenaient pas la mer mais s'enfonçaient dans une vallée et vers les montagnes. On nous a aussi affirmé que les éditions catastrophiques des années antérieures étaient la conséquence des mauvaises conditions en montagne.
C'est la certitude de bien des amateurs : nos pigeons prendraient la mer ! C'est très certainement une erreur d'interprétation, une analyse "humaine" mais les pigeons ne sont pas des marins tirant des bords pour éviter un obstacle cinquante kilomètres plus loin. Hormis peut-être ceux de l'Est, tous les pigeons prennent leur ligne de vol, celle du Nord, et donc la vallée et les massifs.
Ces dernières années, de nombreux colombophiles catalans, ceux installés dans cette vallée et sur les hauteurs, ont vu passer les pigeons de Barcelone (il faut préciser que ces colombophiles catalans sont consultés le matin du lâcher : ils sont de vrais relais d'observation sur le terrain). Il faut donc que la vallée et les massifs sont découverts pour que soient posées les bases d'un Barcelone réussi.
Mercredi, quand nous sommes arrivés à Barcelone, cette vallée et ce massif étaient "bouchés" par une brune que nous avions aperçu dès notre descente en avion. Jeudi, nous avons décidé de louer une voiture pour aller visiter cette fameuse vallée. Avec quel constat ? Nous sommes partis d'un Barcelone au ciel bleu pour arriver dans une vallée nébuleuse. Les 50 premiers kilomètres sont un boulevard pour nos pigeons. Après, c'est une chaîne de monts, la Serra de Castelltallat avec des fils électriques sur toutes les hauteurs, assurément des coupe-gorges par temps de brouillard.
De Barcelone, on se rend vite compte que les premiers kilomètres sont les plus difficiles. De notre Nord, on se dit que la capitale de la Catalogne est juste derrière la frontière... Savez combien il y a de kilomètres à voler entre Barcelone et la frontière ? 125 km !
Vendredi, la remise...
Ce vendredi matin, nous sommes partis à 6h15 de Barcelone (nous sommes hébergés à deux pas du lieu de lâcher initial...), pour être présents sur le lieu de lâcher à 7h. Les organisateurs de Cureghem centre nous attendaient pour une prise de décision collective, avec Patrick de Mulder, le président, et Luc de Geest, secrétaire. La voix de la France (et forcément celle du CIF avec Philippe Odent dans la discussion ce matin) compte.
Avec respect, la France est entendue et c'est un vrai plus d'être aux côtés des pigeons, à Barcelone, pour discuter d'égal à égal. Le CIF est le seul organisateur "non belge" présent en Espagne.
Dans un concours international, le devoir de l'organisateur est de mettre toutes les nations sur un pied d'égalité et ce vendredi, les conditions annoncées ne sont pas optimales pour l'Est du rayon. Ce sera donc très certainement pour demain samedi qu'on annonce magnifique. Le soleil sera au rendez-vous mais aussi le vent qui devrait rendre cette édition 2018 héroïque.
Barcelone, c'est aussi...
... le partage ! Sur place, évidemment, avec les organisateurs, les convoyeurs et chauffeurs, mais aussi avec tous qui viennent jusqu'en Espagne pour vivre cette épreuve mythique. Hier, nous avons connaissance avec une joyeuse bande d'une douzaine de Hollandais. Presque tous les ans, ils font le voyage. A leur tête, un certain Wil Vollebregt, vainqueur national Hollande sur Barcelone 2013. Ensemble, nous avons visité un vignoble de la Vallée Caba et discuter pigeons, préparation et méthodes de jeu, sans oublier quelques mots sur le dernier Agen international, qui fut catastrophique aux Pays-Bas (l'un de nos amis hollandais n'a vu rentrer que six yearlings sur trente, à plus de 1.100 kilomètres...). Manque de chance pour ces Hollandais : ils reprennent l'avion cet après-midi... On a fait le choix de rester, de passer une nuit de plus et de reprendre l'avion demain samedi (merciJosé Derycke).
Nous avons également recontré un colombophile venu d'Uruguay rien que pour assister au lâcher de Barcelone (on devrait regarder la coupe du monde de football et France-Uruguay cet après-midi...).
Partage enfin avec vous tous via Facebook. Merci pour vos encouragements et vos commentaires très positifs !