L’AWC ne vous dit pas tout !

L’AWC ne vous dit pas tout !
 

Axc

M. Goulem (Président de l’AWC) entouré par M. Chapelle et M. Delstanche

« Pour vivre heureux, vivons cachés » devrait être la devise officielle de l’Association Wallonne de Colombophilie (AWC). Créée en septembre 2014, sous la forme d’une ASBL, suite à la sixième réforme de l’Etat et le pouvoir régionalisé quant à de très nombreuses compétences relevant du Bien-Être Animal, cette association aborde une saison capitale : celle du rattachement de facto de toutes les sociétés wallonnes colombophiles et de tous les colombophiles habitant en Région Wallonne. Le 16 mars dernier, l’AWC avait réuni son Conseil d’Administration (CA) avant de tenir, deux jours plus tard, sa première Assemblée Générale (AG) de l’année.

Où il ne s’est finalement rien décidé. C’est que le carrefour auquel se trouve l’AWC est capital à bien négocier. Il s’agit de le traverser sans heurt. Mais c’est pour nous l’occasion de faire le point sur l’AWC, ses buts avoués et inavoués, son organisation, son mode de fonctionnement et surtout, les conséquences, pour vous, les colombophiles wallons.

REGIONALISER : OBLIGATOIRE !

On le sait, la sixième réforme de l’Etat a profondément bouleversé le fonctionnement des institutions belges. Le niveau de pouvoir fédéral a envoyé vers les pouvoirs régionaux un grand nombre de compétences. Cela touche le quotidien de tous les citoyens depuis trois ans. Dès qu’une compétence est régionalisée, chaque Région la gère comme elle l’entend. Et il y a évidemment de fortes différences entre le nord et le sud du pays. Les budgets alloués pour une même matière peuvent avoir des variantes flirtant avec les 100%. Et pour rappel, chaque euro qui sort d’un Gouvernement Régional doit être « amorti ». C’est à cela que servent, entre autres, les nombreuses taxes. Le citoyen belge, wallon, bruxellois ou flamand, est ainsi ponctionné par tous les niveaux de pouvoir : taxes fédérales, taxes régionales, taxes provinciales et taxes communales. Ce n’est pas le sujet qui nous occupe ici mais reconnaissons qu’une septième réforme de l’Etat visant à réduire ou faire disparaître certains niveaux de pouvoir permettrait sans doute une gestion plus simple de notre petit pays, engendrerait plus de transparence et améliorerait son fonctionnement sans mettre en péril son financement. Fin de la parenthèse « science po ».

Cette redistribution des cartes concernent directement les colombophiles.
L’organisation de concours, le transport et le contrôle antidoping sont désormais sous l’égide de la Région Wallonne. Il convenait donc de s’organiser pour être en conformité avec la réforme de l’Etat. La RFCB pouvait le faire en créant ses propres ailes wallonnes et flamandes. Finalement, ce sont ses mandataires wallons qui l’ont fait en prenant le sillage de Christian Goulem, président de ce qui est ainsi devenu l’AWC. Rien de neuf pour vous jusque-là, juste un rappel.

A moins que certains colombophiles wallons ignorent encore c’est l’AWC, qui la préside, et qui y siègent ? Après tout, la probabilité existe puisque la communication envers la base n’est pas le point fort de cette aile francophone encore duveteuse.

Mais on peut être un « tardif » et voler rapidement de ses propres ailes : les colombophiles le savent. C’est un peu ça, l’AWC. Dans ses statuts, elle a pour obligation, comme toute ASBL, de définir ses buts. Sa vraie raison d’être en fait. Il y en a sept.
a) Promouvoir et défendre les intérêts de la Colombophilie Wallonne au sens large.
b) Intervenir auprès des pouvoirs publics et des administrations afin d’obtenir des modifications, des adaptations positives aux mesures législatives et administratives qui régissent la détention de pigeons voyageurs et l’exercice du sport colombophile sur le territoire wallon.
c) de représenter les colombophiles et leurs sociétés :
- aux réunions convoquées par les autorités publiques ;
- dans les contacts et négociations avec les responsables des régions colombophiles limitrophes à la Wallonie.
d) Informer les sociétés et leurs membres des réglementations, instructions, et recommandations des autorités publiques et notamment celles relatives au respect du bien-être animal et de les faire appliquer.
e) Coordonner, superviser et réglementer les concours locaux, provinciaux, inter-provinciaux, régionaux ainsi qu’inter-régionaux réservés aux colombophiles de Wallonie en tenant compte des recommandations et des instructions émanant des autorités publiques.
f) Présenter, pour approbation à l’autorité compétente pour le bien-être animal, toute proposition de modification des dispositions, en vigueur sur le territoire wallon, relatives à l’enlogement, au transport, au convoyage et aux lâchers de pigeons voyageurs ainsi que, chaque année, dans les délais requis, les propositions d’organisations des concours nationaux et internationaux ainsi que les propositions d’organisation des concours inter-provinciaux, régionaux, et inter-régionaux.
g) Gérer, en cas de problèmes, les relations entre les colombophiles, entre les colombophiles et leurs sociétés, entre les sociétés mais également entre les colombophiles et les sociétés avec les autres acteurs de la colombophilie afin de garantir, en Région Wallonne, la pratique du sport colombophile dans les meilleures conditions.

Vous pouvez relire attentivement car chaque mot est important. Sept buts avoués même si trois leitmotivs se dégagent rapidement : « se présenter comme le seul interlocuteur pour la Région Wallonne, organiser le volet sportif régional sans aucune interférence extérieure, faire preuve d’un esprit plus humain ». C’est écrit en toutes lettres sur le site de l’AWC. Cela date de 2014 !

L’OISEAU FAIT SON NID

Deux ans plus tard, où en est-on ? Un peu plus loin puisque le premier objectif avoué est atteint. Reconnue « moralement » et « physiquement », l’AWC est l’interlocuteur unique de la Région Wallonne pour la colombophilie wallonne. Des relations étroites sont d’ailleurs entretenues entre le cabinet du ministre Di Antonio et l’AWC. Et pour l’instant, la volonté d’œuvrer avec la RFCB et non contre la RFCB est toujours de mise. Mais comment pourrait-il en être autrement puisque l’AWC n’a en rien progressé sur les autres fronts qui doivent l’amener à voler de ses propres ailes. Il reste des textes capitaux à rédiger à la Région Wallonne, concernant notamment le contrôle antidopage. Le nouveau code wallon du bien-être animal est toujours prévu pour la fin 2017 par le ministre Di Antonio. En attendant, les réglementations en vigueur restent celles de la RFCB.
En attendant, l’AWC avance d’autres pions. Elle est notamment priée d’établir une convention avec la RFCB. Convention qui doit porter au minimum sur trois points :
- L’affiliation à l’AWC des sociétés colombophiles et des détenteurs de pigeons voyageurs affiliés à la RFCB ;
- La désignation des administrateurs de l’AWC à l’Assemblée Générale de la RFCB ;
- La désignation du président de l’AWC au poste de président ou de vice-président de la RFCB.

Cette convention était à l’ordre du jour de l’Assemblée Générale du 18 mars dernier. C’était le huitième point. Mais ce fut aussi le dernier car lorsqu’il fut demandé par plusieurs mandataires le contenu exact de ladite convention, les dirigeants de l’AWC ont affirmé qu’elle n’était pas encore rédigée. Et promis que chaque mandataire recevrait bientôt le projet avant qu’il ne soit soumis à l’approbation.

De deux choses l’une : soit la réponse est honnête et reflète donc autant la vérité (le projet de convention n’existe pas encore) qu’une inquiétante insouciance (comment ne pas avoir déjà planché sur un document qui sera la pierre d’achoppement de toutes les discussions entre l’AWC et la RFCB ???) , soit c’est un pieux mensonge. On ne sait trop ce qui serait préférable…

De plus, le même Arrêté Ministériel qui chargeait de passer cette convention comportait deux autres articles importants :

  1. La désignation de l’AWC pour une période de 5 ans en tant que personne morale représentative des colombophiles wallons chargée de collaborer avec la Direction générale opérationnelle Agriculture, ressources naturelles et Environnement du Service public de Wallonie (DGARNE), dans l’organisation du contrôle des compétitions de pigeons.

  2. L’approbation des statuts de l’AWC publiés au Moniteur belge le 3 décembre 2014.

On vit tout de même dans un pays formidable. Voilà les colombophiles wallons embrigadés dans une Association qui ne leur demande pas leur avis et ne les informe pas. Quoi ? Le site internet de l’AWC ? On peut y lire les statuts. Pour le reste, pas grand-chose et c’est peu dire. Informer via voie de presse ? Il faudrait pour cela organiser des conférences de presse ou permettre à la presse d’assister aux AG (ce qui est le cas à la RFCB). Déjà soumise au vote, cette proposition (présence de la presse) a été rejetée par une grande majorité des mandataires.

Sans oublier la menace brandie par un membre fondateur de l’AWC lors de la dernière AG de la RFCB : « Si je n’ai pas mon concours, on n’enlogera pas pour certains nationaux en Wallonie ! ». Embrigadés, pas ou mal informés et, nous le maintenons, pris en otage, les colombophiles wallons.

Enfin, rien n’a été décidé lors de l’AG du 18 mars. Sauf de se revoir. Ah si ! Les concours ont été partagés équitablement entre les organisateurs. Ce qui a eu pour effet de fortement fâcher l’un d’eux, qui souhaitait rafler une plus grosse mise.

Consulter la base, ce serait pourtant un bon début. Beaucoup de colombophiles osent enfin s’exprimer sur les réseaux sociaux. Ils ont des choses à dire, des idées à soumettre et des questions à poser. La plus récurrente : les colombophiles qui résident sur le territoire flamand pourront-ils encore enloger dans des sociétés dont le siège est en Région Wallonne ? S’il y a des exceptions, sur quelles bases seront-elles accordées ? Et bien d’autres questions encore !
Il est grand temps que les décideurs auto-proclamés consultent ceux qui feront vivre leur association, à savoir les colombophiles eux-mêmes.

Vivre reclus à l’étage d’un café à Jambes n’est pas un signe d’ouverture…

S.H.