La mue

LA MUE

Bien que la mue soit un phénomène naturel, nécessaire au renouvellement du plumage de notre pigeon, il n'en est pas moins vrai qu'elle doit retenir toute notre attention.

Les pigeons dont les plumes du cou, des ailes et même d'une grande partie du corps, ne se renouvellent pas chaque année, sont des sujets à la santé déficiente et on ne peut leur accorder trop de confiance pour les concours de la prochaine saison.

Dans le nouveau plumage examiné de près, nous découvrons le travail que le pigeon a fourni durant la saison écoulée. Ses échecs, ses accrocs de santé (même passagers), voire le signe probable d'une fin de carrière sportive, sont marqués dans la plume.

Il n'y a pas beaucoup de secrets pour qui sait lire dans l'aile. Il suffit de regarder et surtout de comprendre.

Une chose importante est que la mue se fasse sans interruption et, nous serions même tentés de dire : imperceptiblement.

Lorsqu'un pigeon arrête de muer, il y a une raison et nous devons nous efforcer d'en rechercher l'origine. C'est pourquoi nous suivrons avec intérêt l'évolution de la chute des diverses plumes, et en contrôlerons la nouvelle qualité.

Il est plus facile de suivre l'évolution de la mue sur le cou, la couverture de l'aile, c'est-à-dire

le manteau supérieur, les scapulaires et les tectrices, les rémiges primaires ainsi que les secondaires. Pour ces dernières, contrairement à ce que pensent certains, il est souhaitable que le plus grand nombre d'entre-elles se renouvellent tous les ans, pour les sujets de deux ans surtout. Il n'en est pas toujours de même pour les jeunes de l'année, surtout qu'à présent, avec l'élevage précoce, on leur demande beaucoup plus de travail que par le passé.

Il n'y a qu'à voir le palmarès de ces jeunes pigeons pour se rendre compte de ce que leurs propriétaires ont exigé d'eux. Autres temps, autres mœurs dit-on !

Nous avons cependant remarqué qu'un jeune sujet muant plusieurs secondaires l'année de sa naissance, peut être dans le groupe des espoirs. Il nous montre ainsi qu'il n'a pas dû puiser dans ses réserves pour effectuer et ensuite terminer sa mue.

En ce qui concerne le cou, il ne doit pas donner l'impression d'y manquer des plumes ou bien encore que certaines de ces plumes ressemblent à des poils. Pire encore, sont celles qui dépassent les autres de 2 ou 3 mm, ressemblant à un duvet pour se terminer en fines tiges surmontées d'un petit pinceau ceci peut être considéré comme le signe d'une défaillance antérieure, voyage trop dur ou maladie dont on ne s'est pas aperçu à temps. Un sujet porteur de ce défaut de plumage, fera rarement l'année suivante, une belle saison sportive, décrochera-t-il seulement quelques maigres résultats ?

Les scapulaires et les tectrices, doivent être exemptes de striures et avoir conservé des largeurs bien proportionnées. Elles doivent, en tout cas, recouvrir les tiges des primaires et des secondaires au maximum.

En ce qui concerne les quatre ultimes pennes, elles ne peuvent être effilées. Les barbules de la pointe ne peuvent se séparer en forme de queue d'hirondelle.

Enfin, lors de la prise en mains, le plumage doit laisser une impression de douceur, de velours ; on ne peut sentir une espèce d' aspérité (état de ce qui est raboteux) qui est toujours le signe d'une mue quelconque, pour ne pas dire mauvaise.

Lors de mes tris et sélections avec mon ami décédé René Bawin, j'ai toujours apporté beaucoup d'intérêt à ce caractère.

Jamais je n'ai rencontré de super AS avec un plumage sec et terne. Il doit être collé et luisant. Les grandes rémiges doivent donner l'aspect d'être « cirées ».

J'ai pu constater très souvent qu'un jeune pigeon, joué sans discernement, a souvent, pour ne pas dire toujours une fin de mue pénible. Ailleurs et partout on préserve l'avenir. Pourquoi pas en colombophilie ?

Pour clore ce chapitre, voici, pour vous, ma façon de procéder pendant la grande mue.

  • Dix jours avant la remise en ménage des couples, donner, durant trois jours, une composition des quatre sels (voir composition ci-après) que vous pouvez obtenir chez votre pharmacien. Vous passez

  • une petite pincée dans le bec de chaque sujet, le matin à jeun, en enlevant l'abreuvoir pendant ½ heure. Ensuite, pendant cinq jours vous dépurez vos pigeons avec la composition décrite également ci-après. Vous pouvez également l'obtenir auprès de votre pharmacien.

  • Après la chasse à nid et couvaison de 2 ou 3 jours, faire si nécessaire, une cure contre la trichomoniase. Les bons produits ne manquent pas, mais il est bon de suivre scrupuleusement les directives du fabricant. Laisser élever un jeune par nid, puis les pigeons recouvent jusqu'au 1er octobre, date à laquelle il faut séparer les couples. Pendant tout ce temps, les pigeons sont nourris à volonté : mélange « mue » avec un peu de chanvre, préféré au colza. Ne pas oublier le grit et la verdure. Le bain est en permanence à l'extérieur, avec changement de l'eau tous les 2 jours. Nettoyage journalier des cases et abreuvoirs de la même façon que lors des concours. N'oublions pas que l'on doit être colombophile 365 jours par an.

  • Sur les graines, une fois par semaine, un peu de fleur de soufre lavé. Pour cela, humecter avec un jus de citron 2 kg de mélange puis saupoudrer sur le tout une demi cuillère à café de soufre. Bien mélanger de façon à répartir le soufre sur toutes les graines.

  • Vitamines une fois par semaine sur les graines : soit 2 gouttes par pigeon + 4 gouttes pour les pertes dans le récipient.

  • De l'ail dans l'eau pendant 2 jours.

3 – 4 belles gousses d'ail dans 1 litre d'eau ; Passer au mixer, ainsi il sera bien pulvérisé. Ajouter alors 2 autres litres d'eau. Servir 2 jours de suite, puis 2 jours de l'eau pure et ainsi de suite.

  • Utiliser 2 jours par semaine de la levure de bière sur les graines. Dans un bol, mettre 3 cuillères à soupe d'eau et une bonne pincée de sucre fin. Lorsque le sucre est bien dissout, ajouter 2 cuillères à soupe de levure de bière sèche. Mélanger jusqu'à l'obtention d'une pâte onctueuse (genre mayonnaise). Ensuite, mélanger à 3 kg de graines.S'assurer, en mélangeant le tout, qu'il y a une bonne répartition du mélange sur les graines. Laisser sécher. Brasser ensuite ce bloc pour décoller les graine.

Ceci est une « petite astuce » afin de ne pas trop perdre de levure lors de la manipulation. Tout adhère aux grains et il ne reste plus rien au fond du seau comme auparavant, ni dans le fond des mangeoires.

FORMULE DES QUATRE SELS

Benzoate de soude 30 gr

Bicarbonate de soude 60 gr = 150 gr pour le tout.

Citrate de soude 30 gr

Sulfate de magnésie 30 gr

 

Formule dépurative que nous employons depuis plusieurs années, d'après G. MODAVE de Bruxelles.

50 gr . d'extrait fluide de salsepareille rouge

50 gr . D'extrait fluide de bardanne

5 gr. D'iodure de potasse

3 gr. De glycérine

25 gr. D'extrait fluide de fumeterre

50 gr. D'extrait fluide de gentiane

50 gr. D'eau distillée.

Mode d'emploi : une cuillère à café par litre d'eau, pendant 4 ou 5 jours.

Joseph S.