Prise d'otage à la RFCB !

PRISE D’OTAGES A LA RFCB !

La première Assemblée Générale extraordinaire de ce 22 février 2017 de la RFCB/KBDB a été marquée par une prise d’otages ! Ce fut long, douloureux, pénible. On a bien cru ne jamais sortir du bâtiment de Halle…

C’est que chaque point mis à l’ordre du jour (sauf deux ou trois) a fait l’objet de discussions et contestations. Pire, cela s’est terminé en menaces. Au bout de six longues heures, la libération, enfin ! Mais une libération sous caution, attention ! C’est que cette AG laissera des traces. Car ce qui a été dit et acté ce mercredi 22 février entre mandataires laissera des traces. C’est carrément une « déclaration de guerre » qui a été proférée de vive voix. Pas moins que ça !

 


« VOUS VOULEZ LA GUERRE ? VOUS L’AUREZ ! »

On avait déjà assisté à des AG plus ou moins houleuses. Celle de ce 22 février vient se classer dans un autre genre, proche de la science-fiction. Cela pourrait prêter à faire rire tant c’était grotesque. Mais on n’a pas envie de rire quand autant de colombophiles sont pris en otages. Remonté (par qui ?) comme un coucou suisse, le représentant de l’EPR Hainaut-Brabant, Jean Delstanche, a tout contesté ou presque. Puis, n’obtenant pas gain de cause pour l’organisation d’un Montélimar National, il a sorti son arme : « Vous voulez la guerre ? Vous allez l’avoir ! », en s’adressant à Stefaan Van Bockstaele, président national, et Dirk Schreel, vice-président national et président de la Commission Sportive. « Vous ne voulez pas de Montélimar et de Montauban dans le calendrier ? Eh bien, nous, les Wallons, nous n’enlogerons pas pour certains concours nationaux. Comme ça, ils ne seront plus nationaux. On le fera, croyez-moi ! »
Pourquoi ça ne prête à faire rire cette déclaration et ce type de comportement ? Parce qu’un mandataire représentant une seule EPR s’exprime au nom de tous les colombophiles wallons, d’abord. Jean Delstanche, s’il passe à l’acte, a-t-il conscience qu’il emmènerait avec lui dans une drôle de mésaventure une kyrielle de colombophiles souhaitant jouer ces concours nationaux qu’il en entend saborder en n’enlogeant pas ? C’est là qu’il y a prise d’otages ! Ensuite, analysons plus finement ce comportement. On pourrait le penser uniquement frondeur, il n’en est rien. Il y a du jusqu’au-boutisme. C’est un pur constat puisque l’homme de Bierges ne s’est pas contenté de proférer ces menaces à une seule reprise. Après l’AG, il a littéralement foncé vers Van Bockstaele et Schreel en les reformulant clairement. Et il insista encore après le petit buffet de clôture (qui se veut convivial…) au moment de quitter les lieux, emmenant dans sa voiture Jean-Pierre Goffard, le représentant de l’EPR Namur. Un beau duo, soudé jusqu’au bout. Ils sont venus ensemble, ont voté chaque point de la même manière, et sont repartis ensemble. On ose espérer, après les avoir entendus contester et remettre en cause la gestion de la RFCB, que M. Goffard n’aura pas l’audace de réclamer ses frais de déplacement à la RFCB pour s’être rendu à Halle ce mercredi 22 février. En effet, tout le monde peut voir et constater qu’il n’est que le passager de ce duo. Le manche, c’est Jean Delstanche qui le tient. Or, ce qui faisait la réputation et la reconnaissance des kamikazes, ces pilotes japonais qui mariaient leur patriotisme à un jusqu’au-boutisme forcené, c’était d’agir en étant seul dans l’avion. L’effronterie est une chose, la bravoure une autre…
Pour une information complète, il convient de dire aux colombophiles luxembourgeois que leur mandataire, M. Jean-Pol Marissal, a transformé ce duo en trio en votant de manière similaire sur tous les points. Mais, lui, il était venu à Halle seul et a donc le droit de réclamer son défraiement…

On aurait vraiment aimé vous relater tout le bien que l’on pensait de ce comportement de trois mandataires wallons. Oui, nous aurions aimé. Si cela avait été fondé sur des arguments concrets, nous aurions aimé. Si cela avait été fait avec l’assentiment général des colombophiles concernés par ces provinces, nous aurions aimé. Si cela avait été porté avec l’art et la manière dans un esprit constructif pour une colombophilie belge plus forte face à un avenir incertain, nous aurions aimé. Et louangé. Et applaudi des deux mains. Mais là, désolé, nous ne pouvons pas.
Non ! Nous ne pouvons saluer un comportement d’enfant gâté. Du style « Je n’ai pas mon concours, alors non seulement je vote contre le calendrier proposé mais, en plus, je vais le saboter. Bac à sable ! Nous ne pouvons applaudir une contestation systématique parce que le systématisme est irréfléchi par essence. Enfin, nous ne pouvons vraiment pas, chers abonnés, la triste réalité : certaines contestations de ces mandataires naissent de leur incapacité à lire un bilan financier, de leur incompréhension des textes.

La vérité, c’est que la Wallonie colombophile se sent pousser des ailes. Avant que cette drôle d’Assemblée Générale ne commence, l’AWC a transmis un document à tout le monde. Document signé de son président Christian Goulem disant « qu’en date du 16 février, le Ministre Carlo Di Antonio l’a informé qu’il venait de signer l’arrêté ministériel portant désignation de la personne morale représentative des colombophiles wallons visée à l’article 4 de l’arrêté royal du 23 septembre 1998 ». L’AWC parle déjà de ses propres concours, elle parle désormais de ses propres bagues et de ses propres affiliations. La confusion va régner en maître sur la poignée de Wallons qui voue encore une passion sans borne à la colombophilie. Et puis, quoi ? Une fédération par province. Puis, une fédération par commune ? Les pigeons wallons auront tellement de bagues aux pattes qu’ils ne pourront plus voler à cause du poids…

Enfin, cette communication de l’AWC, jumelée au comportement de trois mandataires dans la même journée, nous fait mieux comprendre ce qui s’est passé en ce 22 février.

LES FAITS ET GESTES

Et pour votre bonne information, voici les faits, les dires et les votes de ce 22 février.

Dès le premier point, normalement une formalité puisqu’il s’agit de valider le PV de l’AG précédente (26 octobre 2016), interrogation et contestation de M. Delstanche : « La bague à 2 euros à partir du 150e pigeon, ce n’est pas comme ça que cela été énoncé. En fait, c’est 2 euros supplémentaires, donc ça fait 3 euros. » Etonnement d’abord et réponse ensuite de M. Charlier : « C’est bien comme cela que ça été énoncé et voté en octobre. » Van Bockstaele enchérit : « Vous étiez là, en octobre. Et vous avez voté. » Charlier reprend la parole : « Tout est enregistré lors de nos AG afin que le procès-verbal ne puisse être contesté. » Remarque verbale de M. Delstanche : « Moi, je n’avais pas compris ça comme ça. On nous fait voter des trucs et puis voilà… » Il semblait pourtant clair, en octobre que chacun avait compris…

Deuxième point : l’approbation des comptes 2015/2016. Bilan financier global pour 2016 : + 25.606,02€ auxquels il conviendra d’ajouter en son temps, le bilan des Olympiades. Mais celui-ci (prévu aussi en positif) ne peut être fait pour l’instant car des paiements doivent encore être versés ou perçus car étalés sur la durée de l’Olympiade. Deuxième sujet de contestation pour M. Delstanche : « Je comprends que les comptes soient positifs avec ce qu’on nous fait payer. Pourquoi nous fait-on payer deux fois les 100 euros pour la licence de société et classificateur ? Au lieu de 100 euros, cela fait 200 ! » Etonnement général cette fois. Réponse du trésorier national : « Vous ne devez pas deux fois. Il y a deux voies possibles pour payer et il faut en choisir un seul. » Delstanche : « Mais moi, j’ai payé deux fois !  Ce n’est pas clair. » Etonnement général à nouveau. « On va vérifier cela. S’il y a un remboursement à vous faire, ce sera fait car il ne faut payer qu’une fois. » Le vote a lieu : 17 pour l’approbation, 3 contre (Delstanche, Goffard et Marissal) et 1 asbstention (Goulem).

Troisième point : l’approbation du budget 2017. Troisième contestation. De M. Delstanche : « Pourquoi faut-il encore passer par ce labo d’Afrique du Sud. Je vois qu’il y a 75.000€ de forfait annuel mais en fait il y a 105.000 euros de dépensés pour la lutte anti-dopage. Il y a des labos belges ou de pays voisins qui sont moins chers mais on ne les a même pas contactés. » Réponse de Dirk Schreel : « Nous avons multiplié les contacts. Les meilleurs labos belges ou européens nous demandaient 230.000 euros mais détectent moins de produits interdits. Donc, celui d’Afrique du Sud reste celui qui est le moins cher avec des performances en détection plus importantes. » Et Van Bockstaele de définir la différence entre les 75.000 euros de forfait les 105.000 euros finalement dépensés : « Il y a le coût des prélèvements, des envois, de l’administratif. Tout est détaillé et à votre disposition dans le bilan comptable que vous pouvez venir consulter. » Dont acte, puisque rendez-vous est pris. On passe au vote : 17 pour l’approbation, 3 contre (Delstanche, Goffard et Marissal) et 1 abstention (Goulem).

Les points concernant la fixation du montant des cotisations, des cautions et des forfaits à réclamer pour els frais de procédure devant les chambres RFCB et l’examen des rapports ne soulèvent rien de particulier, ni en discussion, ni en vote. Une accalmie. Même le point sur le déroulement des élections et le recours à un huissier de justice auquel tout sera transmis, le contrôle comme le dépouillement, ne souffre aucune discussion.

Des modifications dans les statuts étaient aussi soumis au vote : la proposition du Limbourg est adoptée : « Une société, qui change de local, doit se limiter à la commune partielle dans laquelle elle est initialement établie. Un déménagement vers une autre commune partielle ne pourra être envisagé qu’avec l’approbation du comité de l’EP/EPR à laquelle elle appartenait initialement. Le changement d’adresse doit être communiqué dès qu’il est effectif. »
Vient alors sur le tapis la proposition d’Anvers : « Ne peuvent être candidats aux élections, ni faire partie de comités des EP/EPR ou nationaux de la RFCB tout affilié qui, dans une période de 10 ans précédant l’année des élections, ne peut démontrer une expérience de 4 ans au sein du comité, d’une société locale affiliée à la RFCB ou du comité d’une EP/EPR de la RFCB ou d’un comité national de la RFCB. » Gros débat sur ce qu’est « une expérience à faire valoir » mais chacun aura compris que la proposition anversoise revêtait un conservatisme certain. Cela aurait pour effet de garantir une plus longue longévité aux membres déjà en place. Pour une modification des statuts, le vote doit réunir une majorité des deux tiers. Ce ne sera pas le cas avec seulement 11 voix « pour ».

Lorsque survient le volet « sportif », et le calendrier national 2017, l’AG va connaître des échanges houleux.

Il y a d’abord cette confirmation apportée par M. Van Bockstaele : « Pour diverses raisons, il y aura donc un Toury réservé aux francophones. Je sais que certaines EP et EPR flamandes ont entrepris des démarches pour pouvoir aussi y participer. Je répète et maintiens que ce lâcher place les pigeons en plein dans la ligne de vols des avions. » Anvers confirme sa demande auprès des autorités françaises et du Bien-Etre animal en Flandre et affirme avoir reçu les autorisations. Van Bockstaele insiste : « Pour le bien de la colombophilie et de nos pigeons, nous nous permettons juste d’insister sur le choix de certains lâchers dans les concours provinciaux ou inter-provinciaux. Vous savez que certains de ces concours peuvent occasionner de nombreuses pertes. Nous sommes pour des lâchers avec petit contingent. Si vous vous y aller tous, alors vous assumerez la responsabilité des dégâts chez les pigeonneaux s’il y en a. »
Ensuite, lorsque Dirk Schreel soumet au vote le calendrier national 2017, établi selon les propositions de l’AG d’octobre 2016, avec un seul changement proposé par le CSN (Limoges 2 le 8 juillet et maintien du Narbonne) survient le « show Delstanche ». Il veut un Montélimar national. « On a discuté du calendrier dans toutes les commissions sportives et encore de l’AG d’octobre. La seule chose qui a été finalement votée c’est ce qui est proposé. C’est à prendre ou à laisser en l’état», lance Dirk Schreel. Jean Delstanche n’en démord pas : il veut ces concours nationaux et fait valoir un courrier envoyé début février à la fédération. Schreel répond : « Trop tard. On ne peut pas refaire tout un calendrier, comme ça. Cela demande beaucoup de travail et on a tenu compte des demandes et des votes effectués en octobre. » A la demande du Hainaut-Brabant Wallon vient s’ajouter celle de Luc Bafort pour la Frandre Orientale. Lui, il veut aussi un Montélimar national. Petite précision : les deux hommes (Bafort et Delstanche) se sont rapidement échangé une promesse de soutien mutuel juste avant d’entrer dans le bâtiment de Halle, quelques heures plus tôt. Les deux propositions ne sont cependant pas retenues. Et le calendrier est approuvé à une large majorité hormis 5 voix (Delstanche, Goffard, Marissal, Bafort, et Goelem). C’est à ce moment que Luc Bafort quitte la table (une ou deux cigarettes avant de revenir) et que Jean Delstanche lance son « Vous voulez la guerre ? Vous allez l’avoir ! » suivi de sa menace de ne pas enloger lors de certains concours nationaux.
La suite est à l’avenant. Jean Delstanche lira une lettre remettant en cause la façon est dirigée et gérée la RFCB (organisation et résultats des concours nationaux et internationaux, et le doping principalement). Le courrier est co-signé par MM. Bafort, Claeskens, De Backer, De Rijst, Goffard, Kempeneers, Loix, Marchant , Marissal et Van Elsacker. MM. Van Bockstaele et Schreel répondront en affirmant leur politique de changement au sein de la RFCB avec une administration plus pointue et plus moderne, une ouverture pour la jeunesse, l’attention portée au bien-être des pigeons, la nécessité d’attirer des jeunes colombophiles et la lutte anti-dopage. C’est que le bilan comptable de la fédération est bon puisque positif et que si la perfection n’est pas de ce monde, force est de reconnaître que la fédé évolue enfin avec son temps. Jean Delstanche, lui, ne suit pas ce courant : « On veut de l’informatique partout mais cela ne tient pas la route avec un sport comme le nôtre. Moi-même, je n’ai pas d’ordinateur et encore moins Internet ! »
Le débat se poursuivra au-delà de l’Assemblée Générale, ponctuée par une prise de parole tout en regret et sobriété de Francine Lageot (Liège) : « C’est la pire Assemblée Générale de ma carrière. Il y a trop de rumeurs propagées hors des réunions, dans des cercles fermés, trop de réunions extérieures dans lesquelles on projette des choses. C’est ici, lors des AG, qu’il faut les dire et poser les bonnes questions et bien écouter ce qui se dit. A propager des bruits et à vouloir le négativisme, on ne sert pas la colombophilie. On a vu aujourd’hui des gens faire du show mais on n’a rien appris de constructif. Et je trouve ça regrettable. »
La parole la plus sage de la journée est venue de la seule femme siégant à cette AG …

La mandataire liégeoise n’a pas tort. Evidemment qu’on peut toujours trouver des poux dans la tête des autres, et il est tout aussi évident que tout n’est pas parfait à la RFCB. Mais depuis l’ère Van Bockstaele, que de changements ! La presse peut assister aux AG, les comptes sont publiés en toute transparence, l’administration fédérale a subi un fameux coup de fouet. Ce sont des faits.
La RFCB est-elle trop « flamande » comme le clame Jean Delstanche ? Elle l’est nettement moins avec Stefaan Van Bockstaele qu’avec ses prédecsseurs. Il fréquente autant les cercles wallons que flamands et bruxellois, communique dans les deux langues, etc. De plus, comme on a pu le constater, les propositions d’Anvers et de la Flandre Orientale n’ont pas connu plus de succès que celle du Hainaut/Brabant Wallon lors de cette AG. Des faits, pas des « impressions ».
Rappelons aussi que le Comité Sportif National est, lui, composé de 5 Flamands et 5 Wallons. Si certaines décisions ou propositions n’ont pas été retenues par Dirk Schreel, le président, c’est qu’elles n’ont tout simplement réuni la majorité des voix.
Dès lors, diaboliser ainsi le duo Van Bockstaele-Schreel repose davantage sur l’inconscient que sur les faits. Certes, ils sont rigoureux. Mais depuis quand est-ce un défaut plutôt qu’une qualité ?

A nager volontairement à contre-courant, les mandataires francophones font figure d’isolationnistes. Pour obtenir une vraie force wallonne à la RFCB, il faut des mandataires représentatifs de leurs affiliés, capables de faire des propositions constructives, adaptées à la réalité du 21e siècle et, surtout, aussi rigoureux que leurs homologues néerlandophones.

Serge HUPEZ